eden levi am, artiste juifve et arabe d’origine yéménite, égyptienne et israélienne, explore la question des racines à travers les corps, envisagés comme des territoires. Son travail photographique, dense, stratifié, trace un chemin interrogeant la manière dont le politique et le géopolitique marquent le corps et l’intime.
Le projet zone rouge racines émerge après le 7 octobre 2023, même si la grande Histoire, elle, commence bien avant. Il naît d’un besoin de briser le silence et la censure, en entreprenant une quête où le corps devient le centre. Une archéologie personnelle s’y déploie, faite de mémoire, de transmission et de réécriture. La série se construit comme un récit, une traversée que l’artiste nomme «la sortie de la grotte».
L’appareil argentique capture des fragments de paysages méditerranéens, des empreintes végétales, des corps en relation. Certains portraits révèlent les allié·es de ce voyage, d’autres ses obstacles. La mer, omniprésente, agit comme une ancre symbolique, un lien tangible à l’origine et à la filiation. Elle entre en résonance avec les mots inscrits sur les images, extraits de messages envoyés par la mère de l’artiste.
zone rouge racines est un carnet de bord, une tentative de mettre en sens un contexte devenu insoutenable. Les violences psychiques font écho aux crimes politiques ; les mots intimes rencontrent les tragédies collectives. Ici, le corps — recouvert de psoriasis — devient un espace de lutte, un territoire marqué à la fois par la violence extérieure et par les combats intérieurs. Il porte une histoire de loyauté, de trahison, de douleur, de résistance — et de foi.
Dans un monde où les violences se superposent, eden levi am affirme une position sans équivoque : contre le génocide en cours, contre l’effacement des vies. Sortir du silence. Trouver la langue pour dire.